MUSIQUES EN CÔTE DES LÉGENDES

Les Trois Jours de Piano à Brignogan, les 9, 10, 11 août 2024.

Adrian Herpe  et  Nika Sidor
 
3 jours au cœur du piano

Quatrième édition de ce moment préparé et animé par Adrian Herpe, fidèle à la chapelle Pol malgré de nombreux engagements à l’étranger avec un programme sous le signe du talent, de la découverte et du partage.



  Vendredi 9 août, sous le signe du piano à quatre mains, a tout de suite donné le ton.

Pour le concert d’ouverture, 16 valses de Brahms, cet hommage composé à la valse viennoise à son arrivée à Vienne, interprétées avec une complicité au plus haut niveau par Adrian Herpe et Nika Sidor, actuellement au Conservatoire de Bratislava, et dont c’était la première participation aux Trois Jours.
Suivait une déchirante interprétation du chef d’œuvre de la musique pour piano à quatre mains : la Fantaisie en fa mineur de Schubert, la si mal nommée puisque « elle parle de solitude et qu’on ne peut l’interpréter qu’à deux » (Adrian Herpe)

En soirée,
le programme des « suites enfantines » de Ravel, Fauré et Debussy - trois cycles de trois compositeurs français de la même période, mais complètement différents - nous a montré combien le qualificatif de ces suites ne signifiait pas qu’elles pouvaient être jouées par des enfants mais qu’elles étaient destinées à réveiller l’enfant qui est en nous et à amener les enfants à l’écoute de la musique par les thèmes qu’elles illustrent : des moments d’enfance comme En bateau ou Cortège pour Debussy, la Dolly Suite écrite par Fauré tout au long de son adolescence pour la nièce qu’il chérissait tant, ou Les contes de la Mère l’Oye par Ravel.
Et en bis, une version romantique et endiablée de la danse hongroise n°5 de Brahms.



Samedi 10 août, la journée des masterclasses, ouvertes au public, a permis à tous d’entendre les conseils pertinents, constructifs,… qu’Adrian Herpe a pu donner à chacun des participants, trouver les mots pour entendre différemment, pour comprendre l’intention du compositeur et, pour le coup,  interpréter différemment, faire passer l’émotion. Venus pour améliorer leur interprétation, pour eux-mêmes ou, pour certains, dans le but de préparer un concours, tous y ont puisé un nouvel élan.




Dimanche 11 août, 11h30, mise à l’honneur de la balade n°2 de Chopin, peu jouée et pourtant si émouvante.
Inspirée à Chopin par la lecture de la ballade "Le Switez" (ou le lac des Willis) de son compatriote et ami, Adam Mickiewicz, Alfred Cortot commentait : « Ce lac "uni comme une nappe de glace, où, la nuit, se mirent les étoiles" est situé sur l'emplacement d'une ville jadis assiégée par les hordes russiennes. Pour échapper à la honte qui les menaçait, les jeunes filles polonaises obtinrent du ciel d'être englouties dans la terre subitement entr'ouverte sous leurs pieds, plutôt que d'être livrées aux vainqueurs.
Changées en fleurs mystérieuses, elles ornent désormais les bords du lac. Malheur à qui les touche! »

On y retrouve ce caractère qu’on dirait bipolaire aujourd’hui avec une première partie calme et émouvante décrivant un paysage de douceur et de tranquillité, suivie sans transition d’une partie chaotique où l’assaillant a conquis le pays et où les jeunes femmes se font engloutir par la terre pour éviter l’opprobre.
Adrian Herpe nous a fait écouter plusieurs versions de cette pièce soulignant ainsi l’importance que celle-ci a sur la perception que l’auditeur se fait de l’oeuvre. Puis il en a donné une interprétation personnelle magistrale, pleine d’émotion.



Dimanche 11 août, 18h00 : Musique américaine
Le concert de la soirée était pour beaucoup une vraie découverte. Un début enlevé par des pièces de Gershwin qui a combiné la sophistication de la musique classique avec l’énergie du jazz et du blues.
Ensuite re-découvrir Philip Glass, un des pionniers du minimalisme qui met l’accent sur la clarté, la transparence et souvent une pulsation régulière créant une sensation de mouvement lent et de temps suspendu : Nika Sidor au piano, un ange est passé, la chapelle a retenu son souffle, magnifique.
Adrian Herpe a ensuite interprété des pièces de George Crumb, jouées dans le piano, inspirées de l’univers de Salvador Dali « La persistance de la mémoire » et de l’immensité du monde (Makrokosmos de Crumb versus Mikrokosmos de Bartok).
Suit l'époustouflant, Winnsboro Cotton Mill Blues de Frederic Rzewski qui donne à entendre le travail des esclaves noirs dans une usine de coton et le jaillissement de leur douleur dans la naissance du blues.
On a fini dans les étoiles avec George Crumb, interprété debout en duo par Adrian et Nika, et plus précisément avec Beta Cygni, présence poétique et magnétique dans l’univers. On volait!

Programme final

  Programme des 3 jours 2024

biographie d'Adrian Herpe et Nika Sidor




L'Ouest-France du 11 août 2024 :
ouest france


Le Télégramme du 14 août 2024 :