Photos : Musiques en Côte
des Légendes
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Récital de piano - Adrian Herpe
Compte-rendu
Exceptionnel, flamboyant,
magnifique, épatant, généreux, superbe, sublime, grandiose, proche du
divin ... un florilège des adjectifs d'admiration énoncés par les
spectateurs de la chapelle Pol au sortir du programme interprété par
Adrian Herpe ce mercredi 10 août !
Le talent du jeune pianiste, son appétit pour la difficulté, son
aisance pour la dépasser au prix d'un travail acharné et rendu
invisible ... sont les clés de ce succès.
Le programme aussi, choisi pour assurer une véritable dramaturgie vers
le paroxysme de l'explosion finale !
Pour commencer, la sonate n°18 de
Beethoven. Celle-ci marque pour lui un retour vers une forme plus
classique après la sonate n°17 appelée la tempête, tout en gardant
quelques idées novatrices : elle comporte quatre mouvements au lieu de
trois, elle ne commence pas par la tonalité principale - c'est un
point d'interrogation-, le mouvement lent est un menuet au lieu d'être
un adagio, elle se termine par une tarentelle qui est une musique
traditionnelle italienne. Après la sonate n°17, Beethoven a été tenté
par le suicide car sa surdité devenait de plus en plus forte. Et cette
sonate avec son allure joyeuse témoigne d'un retour à la vie. On y
retrouve néanmoins dans les contrastes de la composition (passage du
piano au forte sans crescendo)
la conséquence de son tempérament
radical mais aussi de l'évolution de sa surdité.
En deuxième œuvre, la Novelette n°8 est un
condensé de tout ce que Robert Schumann aime. Comme dans les
Kreisleriana qu'Adrian Herpe interpréta cet hiver lors des concerts
qu'il donna au bénéfice du peuple ukrainien, cette œuvre est
kaléidoscopique.
Les mouvements s'enchaînent de
manière cyclique et forment un tout comme une mosaïque. Commençant par
un mouvement très fougueux et tragique, elle se poursuit par un rythme
de chasse et se termine sur des airs inspirés de danses
traditionnelles allemandes.
La troisième pièce du concert est une
transcription du ballet "L'oiseau de feu" composé par Igor Stravinsky.
Ce ballet était une œuvre d'une heure environ dont Igor Stravinsky
avait lui même extrait un tryptique de dix huit minutes pour une
interprétation orchestrale. Ensuite Agosti un pianiste italien, élève
de Busoni à qui est d'ailleurs dédiée cette pièce,
a
écrit cette transcription pour piano qui a été validée par Igor
Stravinsky lui même. La danse infernale du Roi Kaschei commence par un
glissando spectaculaire - il était joué au trombone dans la version
orchestrale - est suivie par une berceuse magique qui est en réalité
un sortilège destiné à endormir tous les acteurs de la légende. Le
final décrit l'aube, le lever du soleil après le sommeil et quand les
personnages de ce conte se réveillent, ils sont emportés dans les
rythmes d'une danse russe traditionnelle.
Cette pièce est d'une difficulté technique extrême. Adrian Herpe se
joue de ces difficultés de ces rythmes endiablés, sans partition ! Il
nous envoute par les contrastes entre la folie de Kaschei et le calme
peu naturel de la berceuse ...
Adrian Herpe dit apprécier particulièrement la chapelle Pol et
notamment ses récents aménagements (coussins, moquette) qui produisent
un bel équilibre du son.
"C'est un lieu très attrayant car en plus d'être exceptionnel au
niveau de l'acoustique, il est aussi très convivial, très intime"
"Le public de la chapelle Pol est attentif, à l'écoute. J'adore la
qualité de son silence"
Le public nombreux (les concerts de 18h et de 20h étaient tous les
deux quasiment complets) lui rend bien son admiration avec une ovation
qui a salué sa magnifique interprétation !
Adrian n'a pu y résister : il a interprété deux bis - Liszt et Luciano
Berio - montrant là encore l'étendue de son talent cette fois tout en
émotion et en délicatesse.
Musiques en Cote des Légendes..................
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